Si on ne cesse de décrier la misère de l'homme, c'est entre autre parce qu'elle ne peut laisser indifférent le regard qui se pose sur elle.
La misère gène, trouble la conscience, elle est une honte. Honte pour celui qui le subit, honte pour celui qui la regarde sans rien faire.
Mais le trouble et la honte sont les preuves que la misère est contre nature.
La misère est un état de contre nature pour l'homme. Et contrairement à ce que l'on dit souvent, la conscience se trouble parce qu'elle observe ce qu'elle ne souhaite pas voir. C'est la raison pour laquelle, le mot juste pour qualifier la misère est de dire qu'elle n'est pas une réalité ; qu'elle est absence de réalité, état de non efficience de ce qui est vraie réalité.
Que le monde vive dans la misère est le signe, la preuve que le monde vit dans l'illusion d'une réalité qui ne l'est pas.
Le monde désigne par le mot réalité, ce qui n'est pas, ce qui n'est que pour dire qu'il n'ya pas d'efficience.
Ici, le tort de l'homme est de vouloir, peut être sans le savoir, fabriquer, créer une réalité qu'il ne peut à la fin supporter.
Mais tout cela n'est pas gratuit. Rappelons-nous Adam et Eve dans le jardin d'Eden. Après avoir désobéi, ils ont ressenti du gène, de la honte. Ils n'ont pour ainsi dire, plus supporté d'être ce qu'ils étaient.
Le péché, c'est aussi cela ; le fait de ne pouvoir se supporter soi-même et de l'être par les autres. C'est la raison pour laquelle, je parle de la misère comme étant un mal de la conscience.
La misère ne se limite pas donc à la privation du pain dont on se nourrit. Elle sera aussi cette soif exacerbée de la liberté. Est donc misérable, celui qui en se regardant, ne voit que la liberté qu'il n'a pas ; celui qui ne sait pas voir dans son prochain, le bien qu'il est pour lui ; en bref, celui qui ne sait pas apprécier le bien.
C'est bien l'incapacité d'apprécier le bien qui a été le levain dans la fondation de systèmes économiques dans lesquels l'homme a perdu l'image qu'il doit de lui-même.
Aujourd'hui encore, on lutte encore pour avoir de la dignité, on lutte pour avoir un minimum de bien-être et de bonheur. On laisse même croire que Dieu habite dans notre misère. Cette lutte est prise pour ce qui est noble, on la qualifie de ce qui est normal. En le faisant, on fait dire que l'homme ne naît pas digne, qu'il n'y a pas de bien-être et de bonheur attaché au fait pour lui d'être créé. Les Ecritures saintes pourtant nos parlent : Dieu a tout créé avant de créer l'homme. (Genèse 1,1-26).
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