De la certitude que j'ai de croire, j'ai puisé toute la raison que j'ai d'être.
Ainsi, je suis ce que je suis pour traduire ce que je crois, ma foi. Et puisque je ne puis être et ne pas être en même temps, la certitude par laquelle j'existe en affirmant que je suis, ne peut plus être celle qui me dit le contraire de ce que je suis. De ce fait, je ne puis manquer des vérités indispensables à mon existence et l'affirmation de ce que je suis. Puisque ces vérités ne me manquent pas, je n'entreprends pas leur quête comme quand l'on part à la conquête du bonheur qu'on n'a pas.
Il est devenu aisé de dire de ma foi qu'elle est ma richesse et qu'elle me garde libre. La foi pour ainsi dire, est richesse quand elle est saisie comme la vérité qui parce qu'essentielle, constitue le fondement, la justification que l'homme a d'être lui-même. Parce que j'ai la foi, il est devenu possible que s'opère pour moi, cette démarcation de ce qui n'est pas moi. Je crois, donc je me distingue de ce qui n'est pas moi.
Ma foi est cette puissance qui me permet de me distinguer de ce qui n'est pas moi. Ce qui n'est pas moi, c'est ce qui ne me permet pas de dire que je suis et que j'existe.
René Descartes a dit : « cogito ergo sum ». Moi je dis : j'ai foi donc j'existe.
Ce qui ne me fait pas exister doit être compris comme toutes ces vérités dites de foi qui ne me reflètent pas mon propre visage. Je pense entre autres, à ces vérités qui sont incapables de faire naître, de donner vie. Parmi ces vérités, je veux citer celles qui concernent bien de sens donnés au bonheur et au bien-être par le monde dans lequel nous vivons.
Etant donné que les définitions que le monde donne au bonheur ne font pas, je ne peux être aux yeux de ce monde, celui qu'il appelle riche.
Je suis donc pauvre par l'ignorance de la richesse que constitue en réalité ma foi. Que le monde n'ait rien à faire de ma richesse me rassure et me protège de ses envies criminelles.
A la vue de ces pays d'Afrique, d'Amérique latine et d'ailleurs où sévissent des guerres qui n'ont de raison d'être que le souci que l'on nourrit de piller leur richesse, on peut être amené à se demander ce qu'il est possible de faire, pour se protéger.
En effet comment se protéger de ces définitions données au bonheur et au bien-être qui font de l'homme, le prédateur de son semblable ?
C'est ici que la foi doit protéger et que ma foi me protège.
La foi protège quand elle ne fait de soi la proie des appétits voraces des puissants.
Je suis protégé par l'insignifiance que je représente aux yeux des prédateurs. Ainsi, ce qui donne de survivre, c'est entre autre la capacité que j'ai d'avoir des intérêts dans lesquels on ne puise aucun motif de puissance.
La foi qui protège, c'est aussi un concept de vérité. Ce besoin de protection suffira t-il à faire comprendre la nécessité d'une vérité par laquelle l'on se distingue du monde ?
Ce besoin ne peut –il pas justifier le besoin d'une expérience autre de la définition donnée au bonheur et au bien-être ?
Je comprends aisément maintenant que Jésus christ vienne me parler d'une vérité que le monde ne peut recevoir :
« Le monde ne peut pas le recevoir parce qu'il ne peut ni le voir ni le connaître. Mais vous, vous le connaissez parce qu'il est demeure en vous » (Jean 14,17).