La situation de l'homme d'aujourd'hui, je pense à la difficulté que connaît la condition d'existence de l'homme, ouvre à des interrogations.
La difficulté qu'on a même à exister, remet en question, les concepts de libertés humaine si fièrement et si fièvrément défendus.
La fièvre ici est à saisir comme les exacerbations qu'ont connues les notions de libertés humaines.
En effet, qu'elle droit a t-on si on ne peut exister?
A quoi veut-on faire coïncider la notion de liberté quand la conscience de la misère est si vive qu'elle paralyse l'être ?
Pourquoi je suis pauvre ?
Pourquoi tant de misère ?
Les réponses à ces questions, nous ne pourrons les trouver dans les formes de vérités et de concepts de libertés qui justement font la misère !
Le pauvre doit donc faire l'expérience d'une autre vérité. C'est la nécessité d'une telle expérience qui fait de pauvreté un pari sur l'avenir.
Le génie du christianisme apparaîtra dans sa capacité à sortir le monde de l'impasse dans lequel il se trouve. Il y a impasse à partir du moment où l'on ne sait plus qu'elle réponse donner à la question de la misère.
A ce qu'est la condition humaine, il faut une vérité qui la libère, il faut une vérité qui l'éclaire sur le regard que Dieu pose sur lui.
La quête de ce regard de Dieu justifie le concept d'une théologie de la pauvreté à ne pas confondre avec théologie de la libération.
La nécessité d'une expérience autre de la définition du bonheur et de la vérité qui la sous tend, s'impose par le fait que le bonheur lui lui-même ne détache pas de la question de l'identité de l'homme.
Une bonne compréhension du bonheur laissera apparaître son lien avec la question de l'identité. Je veux dire qu'il ne peut avoir de bonheur et bien- être sans que ceux-ci ne viennent signifier, exprimer la réalité de l'identité. Je parle du bonheur comme de la matérialité de l'identité de l'homme. On trouvera quelque racine de cette vérité dans la disposition de l'homme a à ne comprendre par vérité que ce qui émane de l'expression conscience qu'il fait de ce qui le touche.
Le développement, l'homme le conçoit pour être une matérialité de la compréhension qu'il a de ce qu'il est. Le développement étant conçu comme tel, il n'y a pas misère sans que ne se pose la question de l'identité.
La misère retrouve une signification authentique quand elle est définie comme altération de l'identité, sa non matérialisation.
C'est ce qui justifie la remise en question de la définition du bonheur et à la fin, de la civilisation. D'ailleurs, personne ne peut nier le fait que le bonheur soit une émanation de la culture.
C'est face à la misère que l'homme doit montrer sa capacité à être libre. Je parle de liberté parce que c'est ici qu'il doit pouvoir dit non à la définition d'une première identité dans laquelle il se sent esclave pour une autre qui lui procure de la liberté. C'est à cette liberté que fait appel la foi, c'est cette liberté qui constitue la réponse que Dieu attend de l'homme quand lui Dieu, vient proposer à l'homme, une vie nouvelle, un meilleur devenir.
A quoi sert-il à l'homme de pouvoir dire non à Dieu et de ne pouvoir se dire non à lui-même ?
L'homme qui ne peut se dire non à lui-même, se retrouve être un esclave pour lui-même. Il devient lui-même le fardeau de sa propre existence. Il devient une contrainte lui-même. C'est cela la pire forme de l'esclavage.
Remettre en cause une civilisation, c'est manifester la liberté qu'on a d'être. Cette liberté, on l'exprime par la capacité à ne pas mourir avec elle. La mort d'une civilisation ne doit signifier ma propre mort, la mort de mon identité, parce que Je parle du pauvre comme étant l'homme en qui habite la réalité d'une identité qui va au-delà de celle que lui concède le monde.
Le désespoir de l'homme se transforme, il devient la source d'un devenir meilleur. C'est de là que vient le concept de la pauvreté pari sur l'avenir.
Le choix que Dieu fait du pauvre pour être riche de la foi comme le rapporte l'apôtre Jacques (Jacques 2,5), se laisse comprendre aisément.
Le pauvre n'est plus esclave comme on l'a toujours pensé. Il est pauvre pour dire qu'il a la possibilité d'un choix, la possibilité de l'expression de ce qui constitue en réalité la liberté. La pauvreté est donc un moment de transfiguration. L'home est transfiguré par la foi, foi quand on laisse la foi être l'expression de l'appel que Dieu fait à l'homme.